Centre d'investissement de la FAO

A travers la canopée  —  la cartographie des cacaoyères dans les systèmes agroforestiers au Cameroun pour un cacao sans déforestation

Au Cameroun, troisième producteur de cacao en Afrique, le cacao est cultivé sous la canopée naturelle des forêts — un mode de culture durable, mais difficile à cartographier avec précision.

Imma Tcheferi pilote un drone dans une plantation de cacao en système agroforestier au Cameroun, avec des cabosses de cacao visibles sur les arbres en premier plan.

©FAO/Aurélie Shapiro

19/05/2025

Le cacao Camerounais est cultivé dans des systèmes agroforestiers riches, où les cacaoyers cohabitent avec de vastes forêts, des arbres fruitiers tels que le manguier et l’avocatier, ainsi que des espèces non ligneuses comme le moabi (ou mangue sauvage) et le jansang. Cette approche durable permet de préserver la biodiversité tout en renforçant les services écosystémiques. Cependant, pour que le cacao camerounais puisse accéder au marché de l’Union européenne — son principal débouché — il doit se conformer au Règlement de l’UE sur la déforestation (RDUE), qui redéfinit les marchés du cacao en exigeant des preuves que les produits de base n’ont pas été obtenus par la conversion de forêts en terres agricoles ou à d'autres usages, soit toute forme de déforestation après le 31 décembre 2020.

La cartographie des zones forestières, passées et actuelles, ainsi que de l’utilisation des terres est donc essentielle pour démontrer que les produits à base de cacao respectent les nouvelles normes réglementaires. La FAO, à travers son initiative COCAFORI (Cartographie du Cacao au Cameroun et Caractérisation de son Impact sur les Forêts) et le Programme pour un cacao durable (SCP), financé par l'Union européenne, soutient cet effort au Cameroun en dotant les parties prenantes d'outils avancées pour évaluer la couverture forestière, ainsi que d’une carte de référence du verger cacao. Comme les missions de terrain ont révélé que les plantations de cacao sont souvent disséminées dans des forêts avec une forte couverture de canopée, rendant leur détection par satellite difficile, les experts de la FAO utilisent des modèles fondamentaux basés sur l’intelligence artificielle pour élaborer une cartographie détaillée du verger cacao, tout en formant les partenaires locaux à la collecte de données sur le terrain.

Cartographier la couverture du sol pour garantir une production de cacao durable et conforme

Du 9 au 13 mars 2025, des experts forestiers de la FAO se sont rendus dans les zones d’Ebebda, Monatélé et Ntui au Cameroun afin de collecter des données géoréférencées et des photographies directement sur le terrain. En étroite collaboration avec les partenaires nationaux — notamment des producteurs de cacao, le Ministère du Commerce et l’Université de Yaoundé I — l’équipe a utilisé une application mobile COCAFORI personnalisée, évalué des zones à l’intérieur et en dehors des plantations de cacao, et employé des drones pour obtenir des vues supplémentaires au-dessus de la canopée.

Pour faire avancer ces travaux, le gouvernement camerounais a mis en place un groupe technique de travail, réunissant les ministères clés, les producteurs de cacao, les coopératives, les ONG et la société civile.

Ce groupe est chargé de finaliser la carte nationale du cacao, de produire des cartes et jeux de données pour évaluer les risques, ainsi que de développer des outils et systèmes d’aide à la décision. L’ensemble des approches, modèles et méthodes est mis à disposition gratuitement via la solution SEPAL d’Open Foris développée par la FAO.

Grâce à une forte participation nationale et à une appropriation locale du processus et de la méthodologie, le Cameroun etabli les bases d’un secteur cacaoyer plus durable, reposant sur la responsabilité partagée et l’innovation.

« Les informations produites représentent une avancée majeure pour permettre aux petits producteurs du Cameroun d’accéder aux marchés européens pour leurs produits cacaoyers, tout en promouvant les bonnes pratiques et la durabilité », explique Fidèle Kengni, Spécialiste des politiques agricoles à la FAO Cameroun et point focal du SCP dans le pays.

Cette initiative de cartographie s’inscrit dans un effort plus large visant à transformer le secteur du cacao en un système plus durable, résilient et inclusif, soutenu par le Programme pour un cacao durable de l’Union européenne (SCP).

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